Le passage à la frontière Bolivie-Argentine s’est effectué en toute facilité. Seul hic : mieux vaut changer la monnaie bolivienne en Pesos Argentin sur le sol bolivien ; l’inverse semble plus compliqué. À croire que les Argentins ne veulent pas s’encombrer de cette faible monnaie quand même la banque nationale refuse de nous faire le change. Les différences entre les deux pays sont flagrantes. Quelques précisions sur l’immense Argentine s’imposent.

Le mot Argentina n’est pas espagnol mais viendrait de l’italien, qui signifie argent, nom donné par les navigateurs Vénitiens ou Génois. Cette appellation pourrait trouver son origine dans les cadeaux en argent faits par les pays voisins aux explorateurs européens, ou encore venir de la légende Sierra de la Plata, trésor où le fleuve Río de la Plata était censé conduire.

Du nord au sud, le pays est long de 3 700 kilomètres et de 1 400 kilomètres d’est en ouest. L’Argentine représentait la neuvième puissance mondiale économique dans les années 1950, bénéficiant de la faiblesse des pays occidentaux suite à la seconde guerre mondiale. De nombreux nazis ont d’ailleurs pris la fuite vers cette terre en pleine expansion. Traumatisé par des coups d’état successifs, des guérillas, une parité monétaire avec le dollar, de nombreuses rebellions, le pays a été très affaibli au début des années 2000. Aujourd’hui il représente la troisième puissance économique de l’Amérique latine après le Brésil et le Mexique. Premier constat : les Argentins sont grands, relativement minces, ont la peau clair et certains sont même blonds ! Il ne reste qu’un pourcentage insignifiant d’aborigènes, la majorité ayant été exterminée par les colons. Les Amérindiens ne représentent qu’1.49% de la population totale, les descendants africains : 0.37% et les Européens : entre 80% et 97%, le reste représente des métisses. Lorsque l’on discute avec eux, nombreux sont des petits-enfants d’Italiens, de Portugais, d’Allemands. C’est la ville la plus européenne du continent. Fini les mamas en tresses et habit traditionnel à transporter leur maison sur le dos. Deuxième constat : bien que la langue officielle soit l’espagnol, ils le parlent avec un accent qui leur est propre. Tous les « y », « ll » deviennent des « j ». Ainsi, la llave (clé) prononcé « yabé » devient jave (« djabé »). Pire que le Ch’ti. Et il paraît qu’à la capitale, ils parlent même en verlan… Ça va être drôle ! Jusqu’à maintenant, nous nous sommes sentis bien accueillis, nous les trouvons sympathiques et chaleureux. Quel bonheur de retrouver une culture qui nous soit familière, des rues ordonnées, des gens davantage civilisés et un choix plus important de produits en tout genre (du fromage et du saucisson !!!!). Troisième constat : la vie est chère. Prendre un bus en Argentine coûte plus cher qu’en Europe, les hôtels et restaurants, les courses en magasin ne sont pas moins coûteux. La culture, l’éducation, la technologie, les infrastructures ont un prix ! Quatrième constat : ils boivent TOUS du maté, partout (au parc, dans les transports), tout le temps. Pour eux, c’est une boisson sociale, un peu notre bière à nous. Ils le boivent dans une calebasse à l’aide d’une bombilla (pour faire simple : un bol avec une paille). On a testé pour vous. C’est fort, amer, si l’on ajoute quelques cuillères de sucre, ça passe éventuellement. Et attention, il ne faut surtout pas le mélanger, ce serait un peu comme casser des spaghettis pour les faire passer dans la casserole en Italie…

Ouh c’est fort !!!

Première ville visitée : Salta.

La Cathédrale Basilique de Salta

Ville quelque peu touristique, avec son téléphérique (emprunté essentiellement par les touristes), de magnifiques églises et le musée d’archéologie de haute montagne (MAAM) où est exposée la momie d’un petit garçon de 7 ans datant d’environ 500 ans en excellent état.

Sur les hauteurs de Salta

Le garçon de 500 ans

Cette suprenante découverte a été faite en 1999 sur les hauteurs du volcan Llullaillaco à 6 739 mètres d’altitude. À l’époque Inca, les montagnes étaient sacrées et vénérées par les hommes. Lors de rituels appelés Capacocha les Incas leurs faisaient des offrandes pouvant être des sacrifices d’enfants, d’adolescents. Les jeunes vies offertes constituaient alors des messages adressés aux divinités. On appelle ces corps : « momias de alturas » (momies des hauteurs) car elles ont été enterrées en haute altitude afin d’être conservées principalement par le froid. Des objets symboliques étaient disposés comme offrandes à côté des sacrifiés : poupées mignatures, aliments, poteries. Les enfants de famille noble étaient vêtus d’habits, de coiffes traditionnels et leur visage maquillé de peinture. D’autres momies ont été découvertes sur le site, et sont préservées au MAAM mais nous ne les avons pas vues ; la jeune fille de quinze ans et la petite de six. À l’approche du jeune garçon de 500 ans recroquevillé à l’intérieur d’une « froide vitrine » sous un faible éclairage, on ressent une drôle de sensation, son état de conservation est exceptionnel.

Deuxième stop : Cordoba, deuxième plus grande ville.

L’incroyable église del Sagrado Corazón

Quelques-uns des superbes détails

L’endroit est jeune et dynamique. La course à pied est largement pratiquée par tous. Par contre leur style vestimentaire est assez particulier, les femmes portent des chaussures avec une plateforme nullement discrète et distinguée (pour ne pas dire énorme et objectivement grotesque).

De toute finesse…

Nous nous sommes fait une joie d’aller au marché local choisir fruits et légumes, fromage et saucisson, crevettes (congelées) ; au Carrefour Market comparer leurs produits aux nôtres, acheter vin local et pâté industriel. Le marché ici n’a plus rien à voir avec ceux visités précédemment : dédales bruyants, odorants, colorés ou l’on trouve exactement les mêmes choses d’un stand à l’autre. C’est un lieu propre, organisé, avec brasseries, boutiques ; on aurait presque perdu l’habitude !

Le paseo de los artes, un marché artisanal

On doit admettre que l’on a passé du temps en cuisine à profiter des ingrédients sélectionnés avec goût et se concocter des petits plats…

Plein de bonnes choses à boire et manger

Home made raviolis épinards-fromage

Troisième et dernier stop au nord du pays : Mendoza.

La place d’Espagne, on reconnait le carrelage

Cette ville, qui est en fait plutôt dépourvue de charme est surtout réputée pour toutes les bodegas (domaines viticoles) et productions d’huile d’olive dans les régions alentours. Mendoza est un peu le Bordeaux de l’Argentine, réputé pour le Malbec. Après plusieurs échecs tels que le musée d’art moderne fermé jusqu’à nouvel ordre pour cause de travaux, le musée du vin occupé toute la semaine pour congrès, la salle d’escalade exceptionnellement fermée pour fuite d’eau, nous avons réussi à aller au musée Moyano de sciences naturelles et anthropologie.

Pas d’escalade aujourd’hui

Ce musée gratuit, en forme de paquebot, retrace succinctement l’Histoire de la terre, du Big Bang avec sa faune et flore, les roches et pierres précieuses, jusqu’à la période Inca et autres civilisations voisines. Très instructif et passionnant. Décidément dotés d’une toute nouvelle poisse que nous avions jusque-là réussi à éviter, le jour où nous décidons d’aller visiter les domaines viticoles en vélo, il pleut. Et nous ne le savions pas, dans ce cas, même sous un petit crachat à faire sourire les Londoniens, aucune agence de location de vélo accepte de louer les deux roues car trop dangereux… Bref on ne se démonte pas et nous décidons de visiter les bodegas les plus proches à pied, d’autant plus que nos amis Clémence et Nicolas sont dans le coin. Dans le domaine familiale d’Alandes (mix entre Alpes et Andes), nous avons goûté de délicieux assemblages, Shirah, Carbernet Sauvignon et Merlot.

Une petite sélection des délicieux vins Alandes

Alandes ne produit que 50 000 litres par an, les bouteilles principalement exportées à l’étranger sont vendues à partir de 30-40€. C’est cher, mais les vins sont délicieux. Quelques peu joyeux après cette dégustation généreuse, nous avons fait une pause déjeuner avant de renouveler l’expérience chez le célèbre vignoble de Trapiche.

Une façon plus cool de se déplacer de bodega à bodega

Le célèbre domaine viticole

Ce n’est pas la meilleure saison pour visiter les vignes

Cette entreprise créée en 1883 est le plus gros producteur de vin d’Argentine. La marque a remporté de nombreux prix, leurs vins et notamment le Malbec sont largement exportés à l’international. Fort est de constater que les crus testés sont tout à fait décevants face à Alandes : acides, peu du goût, courte tenue en bouche. Nous ne recommendons certainement pas ce vignoble qui, à notre humble avis concoit des vins basiques. On apprendra plus tard que le domaine produit aussi des vins beaucoup plus haut de gamme, mais non proposés à la dégustation. Le tour se termine chez un petit producteur d’huile d’olive, marmelades et liqueurs, visite sans grand intérêt mais tombe à pic à l’heure du goûter. Cela dit, on y a appris que les olives noires étaient des olives vertes plus mûres, ce qui fut un peu une révélation !

Hummm de l’huile d’olive (à l’ail) à la cuillère

La malchance se prolonge, alors que nous voulions poursuivre notre chemin sur le territoire Chilien, la frontière est fermée pour cause de forte neige. Il va falloir s’armer de patience mais il y a pire qu’une région vinicole pour être coincé !

Catégories : Argentine

1 commentaire

Mum Brigitte · 20 août 2017 à 7:34

Bravo pour ce super reportage
Et merci
Je vois que vous allez bien
Bonne continuation
Bisou

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