Le Cambodge est un des pays les plus pauvres au monde (le 143ème en terme d’IDH). Moins d’un tiers de la population vit sous le seuil de pauvreté, c’est-à-dire avec moins de 2 USD par jour. Le récent génocide a causé la mort d’un quart de la population, généralement la plus éduquée. Sur 12 000 000 habitants, 3 000 000 ont été éliminés dans la fin des années 1970. En résulte une population très jeune : 40% des Cambodgiens ont moins de seize ans ! Autre caractéristique marquante : le Riel et le dollar américain sont les deux monnaies utilisées (1 USD = 4 000 Riels). L’introduction du dollar a causé une inflation, rendant le coût de la vie au Cambodge plus cher que ses pays voisins. C’est avec toutes ces informations en tête que nous visiterons le Cambodge, en commençant par sa capitale : Phnom Penh.

Temple de Wat Phnom

Quelle chance d’être à Phnom Penh pour célébrer la fête de l’eau, célébration de trois jours avec feux d’artifice, régates illuminées, pic-niques, stands et musique. Tous les Cambodgiens sortent dans les rues, les personnalités du pays se déplacent également pour assister au spectacle, en premières loges. C’est à cette occasion que nous avons vu le roi 🙂 ! Petites anecdotes d’ailleurs à son sujet, grand francophile et francophone Norodom Sihamoni parle également couramment tchèque, anglais. Il a étudié à Pragues et a vécu à Paris où il donnait des cours de danse classique à l’Opéra ! Ne pouvant échapper à ses fonctions, Norodom Sihamoni dévient roi du pays en 2004 à la suite de l’abdication de son père. Le séduisant monarque, âgé de 64 ans est célibataire et sans enfants, « aimant les femmes comme ses sœurs » pour reprendre les mots de son père. Nous avons évidemment visité les somptueux palais du roi, quelle merveille !

Portrait du roi devant son palais royal

Petite demeure royale en toute simplicité

Une des nombreuses sépultures du palais

On ne peut visiter Phnom Penh sans s’intéresser à son histoire. Le musée du génocide Tuol Sleng également appelé centre de détention S-21, permet de nous plonger au cœur de l’horrible période du génocide opéré par les Kmers rouges sous le régime Kampuchéa démocratique entre 1975 et 1979. Le musée était à l’origine une école jusqu’à ce que les Kmers rouges la transforment en une prison ultra secrète.

Les anciennes salles de classe transformées en cellules de fortunes

Seuls sept prisonniers sont sortis vivants de cet endroit où environ 20 000 personnes, hommes, femmes, enfants, personnes âgées étaient enfermées. Pour résumer cette période noire de l’histoire du Cambodge, en 1974, les Kmers rouges ont réussi à libérer le pays alors contrôlé par les États-Unis. Considéré comme un héro par le monde entier, Pol Pot à la tête des Kmers rouges prend les reines du pays. Dans le but d’instaurer sa propre vision du communisme, le dictateur souhaite faire supprimer toutes culture, religion, éducation et différences sociales de la population. Pour cela, les personnes les plus éduquées (professeurs, médecin, avocat, étudiants, étrangers, scientifiques, etc.) sont emprisonnées, torturées afin d’avouer des crimes jamais commis puis exécutées dans des « killing fields ».

Chaque personne entrant à S-21 était photographiée. Les archives qui n’ont pas été détruites sont souvent les seuls souvenirs des familles déchirées

Le reste de la population est forcé de déserter les villes et rejoindre les campagnes afin de travailler durement dans des conditions épouvantables, provoquant épuisement, maladie, mort. Malheureusement, ce qui se passait alors au Cambodge pendant ces années était caché au reste du monde. Les dirigeants des autres pays et notamment de la Suède étaient trompés et admiraient le travail de Pol Pot. Les rares personnes qui ont réussi à s’exiler dans des pays voisins ont raconté la triste vérité mais n’étaient pas crues. Ce n’est qu’en 1979 que les Vietnamiens ont envahi la capitale et ont été témoins de ce massacre.

Vue du bâtiment D sur la « cour de récréation »

Deux jeunes, Néo Zélandais et Canadien partis voyager en Asie à bord du yacht « Foxy Lady » se sont retrouvés sur les côtes cambodgiennes après que leur bateau ait dévié, en 1978. Le Canadien Stuart Glass a été tué une fois Foxy Lady saisie par un bateau de patrouille maritime. Le Néo Zélandais Kerry Hamill a été lui emprisonné à S-21, interrogé, torturé, puis tué, accusé d’espionnage et de relation avec la CIA. Pour faire un dernier signe à sa famille, et avoir le dernier mot sur ses tortionnaires, il a alors avoué que son supérieur à la CIA n’était autre que le Colonel Sanders, (PDG de la chaîne de restauration rapide KFC), donné son numéro fixe comme étant son numéro d’agent de CIA et mentionné le nom de sa maman, de son frère, supposés membres de la CIA. Le 10 août 2001, après de nombreuses discussions, complications, hésitations, le roi Norodom Sihanouk promulgue la loi sur la création des Chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens (CETC) pour « juger les crimes commis sous le Kampuchéa démocratique. Un dernier procès a été ouvert le 27 juin 2011, à suivre… Il est difficile de rester indifférent en visitant ce lieu, théâtre d’abominables et indicibles tortures. Y sont exposés entre autres instruments de tortures/ et des milliers de photos de détenus à leur arrivée, parfois souriants, ou le visage dur, les yeux fixant l’objectif avec assurance. Aujourd’hui, les Vietnamiens réclameraient la ville de Phnom Penh. Pour en savoir plus sur le génocide du Cambodge, je vous invite à lire ici.

Mémorial aux 20 000 victimes de la prison

Le 1er novembre ici on fête la pleine lune et la récolte nouvelle du riz. À cette occasion, les moines bouddhistes se réunissent, font des offrandes à Bouddha et prient ensemble de 20h30 à 00h. Nous avons évidemment pris part à cette célébration et à sa préparation. C’est plutôt surprenant de voir les moines prendre des selfies (d’ailleurs ils ont presque tous des iPhones), fumer des cigarettes et répondre au téléphone lors de la cérémonie. Pas très sérieux tout ça… En parlant de pas très sérieux, le Cambodge est lui aussi bel et bien victime de corruption et ça saute aux yeux. Nous avons d’ailleurs lu sur un blog : « si la corruption était une discipline aux Jeux Olympiques, le Cambodge finirait premier et ils seraient quatre sur le podium »…

Petite prière de pas moins de 3 heures pour la nouvelle lune

Phnom Penh est une capitale encore très marquée par son passé. La modernisation peine à se fait sentir et creuse un fossé déjà trop visible entre les différentes classes de la société.

Feu d’artifice tiré en l’honneur du Festival des Eaux (Bon Om Touk), le prochain se tiendra du 22 au 24 novembre 2018


Toutes nos photos

Phnom Penh

Phnom Penh


0 commentaire

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *