En cinq jours, nous avons suivi un itinéraire dans une région montagneuse du nord des Philippines, moins fréquentée des touristes occidentaux, où traditions et authenticité sont les maîtres mots.
Baguio
Baguio reste une grande ville où l’on retrouve pollution, immeubles entassés, trafic chargé. Cela-dit, contrairement à Manille, on y trouve quelques parcs agréables. Nous y avons visité le musée de BenCab, artiste moderne local qui peint aussi bien qu’il dessine et qu’il sculpte. Un petit détour dans la salle érotique s’impose.
Nous avons pris pour la première fois le fameux Jeepney avec des locales enjouées. À trois mois de Noël, il est plutôt amusant de voir d’ores-et-déjà les décorations illuminer rues et magasins. Les Philippins sont très friands de la fête de Noël et la prennent bien au sérieux.
Sagada
Ce village traditionnel a gardé de vieux principes. Les grandes décisions concernant la gérance du lieu sont prises par trois grands piliers : les anciens, l’Église et L’état. Aucune décision ne sera prise si les trois instances ne sont pas d’accord. Autre différence plutôt marquante mais pas déplaisante : volontairement, il n’y a pas de géant international, que ce soit Mc Donald, Starbucks ou de Seven/Eleven. Sagaga est tout de même connu des touristes pour ses cercueils suspendus, une tradition ancestrale qui date d’une cent-cinquantaine d’années avant que les Américains ne débarquent dans les années 1960, qu’ils christianisent la population et introduisent le cimetière public.
Aujourd’hui, il est toujours possible de se faire enterrer de cette façon à condition d’être un ancien c’est à dire avoir enfants et petits-enfants, être originaire du village et mort d’une mort naturelle. Lors du rituel, le corps du défunt, enroulé dans ses vêtements est passé de mains en mains, jusqu’à atteindre le cercueil suspendu dans la montagne, tel un « ballon de basket » comme les guides s’amusent à préciser. À son passage, le mort transmet son savoir à chaque « passant ». Comme d’autres civilisations, la mort ne leurs fait pas peur et est célébrée. L’endroit où sera déposé le cercueil est choisi par le futur défunt avant qu’il ne parte. C’est lui qui sculpte son propre cercueil en bois. Le lieu n’est ensuite pas visité par les proches car c’est l’esprit qui leurs rendra visite. D’autres cercueils sont empilés les uns sur les autres. Certains sont rongés par l’humidité, des os, crânes sont facilement visibles. La visite du village se poursuit dans les profondeurs des grottes de Sumaguig, longues de 2,2 kilomètres et profondes jusqu’à 150 mètres. C’est une expérience unique, de l’aventure comme on l’aime à passer dans l’eau, faire du rappel à la corde, avec des passages à pieds nus, à se faire avaler dans un trou de roche, le tout éclairé par une lampe à pression et accompagnés d’un guide bien-sûr.
Nous avons fait le grand saut tout habillés dans une piscine naturelle à l’eau froide, d’une profondeur inconnue, idée plutôt stupide mais rigolote. Les formations rocheuses sont extraordinaires, couleurs, aspects, formes. Tout invite au touché, sauf que les guides y voient des formes sexuelles partout, appareil du roi, de la reine, de la princesse, du prince ; ce qui peut faire sourire au début mais finit par lasser.
La présence de fossiles de coquillages impressionne également. Ce sont trois heures à l’intérieur des grottes, habitées de chauve-souris, parsemées de petits moments de frayeur qui passent extrêmement vite. Claustrophobes et acrophobes s’abstenir !
Batat
Très vite, nous enchaînons avec Batat. Pour y parvenir, nous devons endurer 40 minutes de jeepney, plus deux heures de van, (on y rencontre même un couple de touriste français !), plus 30 minutes de tricycle et enfin une heure de marche avec nos énormes sacs à dos, en descente pure, dur-dur !
Nous avons été surpris et assez choqués de la quantité d’hommes, la bouche en sang, crachant par terre un liquide visqueux rouge vif. Nous apprendrons plus tard qu’en réalité, à l’image des latinos avec leurs feuilles de coca, les Philippins ici sont nombreux à chiquer un tabac rouge du nom de Moma. Terrifiant lorsqu’on ne le sait pas !
À l’arrivée, en nage, du tant espéré Batad dont les rizières sont classées au patrimoine de L’UNESCO, on se dit que ce trajet herculéen en valait bien la peine : la vue des rizières verdoyantes en forme d’amphithéâtre et des quelques habitations aux toits rouges et verts est magnifique. Le village de Batad est uniquement accessible à pied, retiré, sans réseau, aucun transport n’y circule. Les habitants se déplacent marchant de pierres en pierres déposées entre les rizières. Quand on n’a pas l’habitude, pas facile de distinguer les petites marches qui montent, descendent, mènent aux abords des habitations rudimentaires des habitants (toujours souriants).
L’expédition est physique ! La région offre également de jolies cascades dont nous avons profitées.
Le retour dans la capitale a été brutal…
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